Antiphona
2 boucles vidéos HD, son, 20 min
Réalisée avec le soutien de la Galerie Municipale Jean Collet de Vitry-sur-Seine
©Jérôme Girard et Caroline Reveillaud
Performée pour la Nuit Blanche 2023 à Vitry-sur-Seine (3 juin).
Filmées de part et d'autre de la Seine, près du pont du Port-à-l'Anglais, les deux vidéos présentent deux joueurs de conque - instrument le plus vieux que l'on connaisse qui semblent donner l'appel. Les personnages tentent de communiquer à travers la galerie, se livrant à un mystérieux rituel. L'écho du centre d'art et le léger décalage des vidéos permettent aux sons de se superposer aléatoirement et ainsi rappellent l'inconstance de l'eau qui coule. La pièce évolue sans cesse, nous proposant un dialogue aléatoire entre les deux entités. Le titre de l'œuvre fait référence à un chant antique, performé par alternance, comme une réponse au chant principal. C'est également dans l'histoire ancienne, cette fois chez les aztèques, que l'on retrouve des images de conques utilisées lors d'un rituel tentant de prévenir d'une inondation.
Mutatis Mutandis
Bétonnière amplifiée, système son
Dimensions variables
©Jérôme Girard
Réalisée avec le soutien de la Galerie Municipale Jean Collet de Vitry-sur-Seine
Cette bétonnière amplifiée laisse entendre l'eau de la Seine qu'elle contient et qu’elle fait tourner. L'objet industriel, non sans rappeler la thématique du chantier du premier volet de La Construction du champ, est ici transformé en instrument de musique. L’installation, située aux deux extrémités de l’espace d’exposition, laisse d’abord entendre la captation du mouvement de l’eau amplifiée, amenant le spectateur jusqu’à sa source. Liée aux mutations du territoire de Vitry, l'œuvre évoque le chantier des Ardoines dont le béton sera essentiellement fait avec l'eau de la Seine. Dans les deux pièces présentées à la galerie tout comme dans l'ensemble de son travail, Jérôme Girard s'intéresse à la boucle répétitive comme source de glissement entre la structure rigide de l'univers industriel et la musicalité du vivant.
Variations
2020-2021Concert-performance-exposition
Projet de diplôme à l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs, Paris
©Mathieu Fulaomi
« Variations » propose la plongée du spectateur dans un jeu entre sculpture et arts sonores, entre musique contemporaine et formes installées dans l’espace. Qu’est-ce qu’on regarde ? Qu’est-ce qu’on écoute ? C’est là les questions que j’aimerais que l’on se pose devant cet ensemble hétéroclite de chimères : ce ne sont pas tout à fait des sculptures, ni tout à fait des instruments, des formes hybrides à la lisière de ces deux champs que j’explore. Ce n’est pas non plus tout à fait un concert, ni tout à fait une exposition. C’est plutôt un entre-deux où les formes s’associent aux sons pour donner lieu à une situation où l’écoute et la vue travaillent ensemble, dans un retour aux sources, à la source du son : la vibration de la matière. Non pas comme un geste nostalgique, un goût pour le vintage et l’analogique, mais bien plutôt pour redécouvrir la potentialité sonore de ce qui nous entoure, et la portée politique et écologique de notre écoute. C’est prendre l’habit d’un chercheur de sons cachés, du souffle des objets, la position d’un explorateur facétieux de son environnement, à l’écoute des variations infimes du continuum sonore, à l’affût des surprises que lui offriraient les matériaux. « Variations » est un espace d’hybridation de formes, anciennes ou nouvelles, tirées du folklore et de l’artisanat, ou bien de la modernité technologique. Faire se confronter ces univers, ces histoires, les mettre face à face, les observer échanger, puis tisser des liens entre des choses séparées. À travers ce jeu, c’est retrouver le sens d’une expérience collective, du partage de nos perceptions, à la fois vécues intérieurement, et mises en commun par la création de cet espace et de ce temps à part. Retrouver le sens presque sacré de la musique et du son, celui d’une expérience qui relie les individualités, qui les soude en communauté.
Pneuma
20212021, toile vinylique, PVC, soufflerie, dimensions variables
©Antoine Girard
©Clément Boute - vue de l’exposition «Des soleils encore verts» au CAC Brétigny
« Souffle continu, sur Pneuma de Jérôme Girard », par Lisa Colin, 2021, (collectif Champs Magnétiques)
« Dans une esthétique truculente et organique, proche du Jardin des délices de Jérôme Bosch (1494-1505), la cornemuse de Jérôme Girard irrigue tout un environnement sonore. Poumon géant alimenté par une soufflerie automatique, la sculpture en toile se gonfle peu à peu, inspire, souffle. Par sa respiration, l’instrument fait sonner une flûte harmonique dont la hauteur varie selon le débit et la pression de l’air. Pneuma s’accorde aux structures environnantes : une fermentation de gingembre qui crépite dans une amphore ou des antennes-bourdons alimentées par un réseau de tuyaux. Devenues instruments, ces pièces qui expirent de longues notes tenues constituent autant d’éléments d’une seule grande partition. La succession des accords dévoile l’intérêt de l’artiste pour la musique minimale – courant du XXe siècle développé, en partie, grâce aux expérimentations du compositeur américain La Monte Young. Construit dans une grande économie de moyens, ce corps-paysage ne sonne pas en continu : les sculptures dispersées sont en attente de vibrer sous l’impulsion d’un souffle, avant de (re)devenir un décor silencieux. Jérôme Girard travaille à partir de matériaux récupérés, détournés, assemblés, mêlant une toile cirée à des tubes métalliques, du bois et de la céramique à des ensembles mécaniques. Ce faisant, il joue d’aller-retours constants entre objets artisanaux et manufacturés, outils et instruments, archaïsme et futurisme. Par un travail sculptural aussi énigmatique que poétique, l’artiste convoque la vie antérieure des objets, produisant l’écho d’un monde ancien, comme une résurgence. »
Bourdons (rhiz’o’matic)
2021
Métal, PVC, liège, caoutchouc, soufflerie, robinetterie
Dimensions variables
©Clément Boute - vue de l’exposition «Des soleils encore verts» à Mains d’Oeuvres
©Louis Lallier
©Jérôme Girard
« Low Tech, Sur l’aspect écologique du travail de Jérôme Girard » par Tom Rowell, 2021 (collectif Champs magnétiques)
« Les sculptures sonores de Jérôme Girard ont un air étrangement familier. Leurs formes nous rappellent des objets qui passent souvent inaperçus : des paraboles et des antennes 5G. Mais la fabrication et la fonction de ces sculptures sont très différentes des outils de communication qu’elles simulent. Elles sont faites de matériaux modestes : du bois, des tuyaux métalliques récupérés. L’artiste en assemble les éléments à la main, intuitivement, les ajustant pour trouver des sons qui lui plaisent.
Ces sculptures sont des technologies très simples. Les quantités d’énergie, d’information et de matière nécessaires à leur fonctionnement ne sont rien en comparaison des besoins de leurs sosies high tech. Les œuvres invitent ainsi à une lecture écologique : dans son traité L’âge des low tech, Philippe Bihouix défend que l’adoption générale de technologies peu complexes nous permettra d’éviter l’effondrement écologique.
Internet est une vaste infrastructure dont on peut oublier l’existence réelle, matérielle, géographique. Comme James Bridle le constate dans son livre New Dark Age, cette infrastructure physique est dissimulée au profit de la métaphore du nuage (cloud computing) qui suggère une immatérialité mensongère. Les sculptures de Jérôme exigent quant à elles une attention à notre environnement. En émettant des sons, souvent discrets ou intermittents, elles viennent aiguiser notre perception : ainsi, nous prendrons garde aux objets dont ils partagent la silhouette. »
©Jérôme Girard
« Low Tech, Sur l’aspect écologique du travail de Jérôme Girard » par Tom Rowell, 2021 (collectif Champs magnétiques)
« Les sculptures sonores de Jérôme Girard ont un air étrangement familier. Leurs formes nous rappellent des objets qui passent souvent inaperçus : des paraboles et des antennes 5G. Mais la fabrication et la fonction de ces sculptures sont très différentes des outils de communication qu’elles simulent. Elles sont faites de matériaux modestes : du bois, des tuyaux métalliques récupérés. L’artiste en assemble les éléments à la main, intuitivement, les ajustant pour trouver des sons qui lui plaisent.
Ces sculptures sont des technologies très simples. Les quantités d’énergie, d’information et de matière nécessaires à leur fonctionnement ne sont rien en comparaison des besoins de leurs sosies high tech. Les œuvres invitent ainsi à une lecture écologique : dans son traité L’âge des low tech, Philippe Bihouix défend que l’adoption générale de technologies peu complexes nous permettra d’éviter l’effondrement écologique.
Internet est une vaste infrastructure dont on peut oublier l’existence réelle, matérielle, géographique. Comme James Bridle le constate dans son livre New Dark Age, cette infrastructure physique est dissimulée au profit de la métaphore du nuage (cloud computing) qui suggère une immatérialité mensongère. Les sculptures de Jérôme exigent quant à elles une attention à notre environnement. En émettant des sons, souvent discrets ou intermittents, elles viennent aiguiser notre perception : ainsi, nous prendrons garde aux objets dont ils partagent la silhouette. »